JEAN-PAUL ST-PIERRE RASSEMBLE LES DEUX COMMUNAUTÉS

 

La victoire du candidat Jean-Paul St-Pierre dans la municipalité de Russell, lundi soir, surprend par son ampleur et le soutien conséquent du village d’Embrun. Elle sonne également comme un terrible désaveu pour le maire sortant, Ken Hill.

Dans un silence d’église, le public a attendu plusieurs longues minutes avant de savoir qui serait le nouveau maire du canton de Russell. La tension était palpable et sur le visage des candidats se lisait l’anxiété.

La salle du conseil de l’hôtel de ville à Embrun était comble en ce lundi 25 octobre au soir. Après un mois et demi de campagne, les sourires se crispaient et les yeux restaient rivés sur le tableau d’affichage. Comme le confiait le conseiller, Jamie Laurin, « Impossible de savoir avant les résultats, quelque soit la campagne qu’on a mené ».

Pourtant, il sera l’un des rescapés de cette soirée qui a vu la table des décisions accueillir trois nouveaux conseillers et un ancien conseiller devenir maire.

Moins loquace qu’à son habitude, le maire sortant, Ken Hill, a accueilli les résultats avec stoïcisme, mais il ne s’est pas attardé. En recueillant seulement 426 voix, soit à peine quatre de plus que le méconnu Ron Barr, il a reçu un message de désaveu très clair des électeurs.

Tout aussi stoïque, Jean-Paul St-Pierre a reçu sa nomination sans explosion de joie, mais avec une surprise modeste. « Je suis un peu surpris par les résultats, je ne pensais pas avoir autant de voix ».

À quelques chaises de là, Lorraine Dicaire ne pouvait que constater sa défaite. Alors qu’on s’attendait à un raz-de-marée à Embrun, elle n’a obtenu qu’un appui relativement décevant avec 1418 voix. Malgré une hausse par rapport à 2003 (46.8%) et 2006 (49.1%), le faible taux de participation, 50,6% dont seulement 47,9% à Embrun, a peut-être joué en sa défaveur.

Son adversaire désigné, M. St-Pierre, a toutefois créé une petite surprise en enregistrant 1027 votes favorables dans un village où l’on pensait que sa position sur le règlement d’affiche bilingue lui serait difficilement pardonnée.

Aussitôt élu, il a pourtant déclaré qu’il ne rouvrirait pas le sulfureux dossier et qu’il fallait tourner la page, comme le lui ont demandé les deux communautés.

À l’issue des résultats, Mme Dicaire ne se déclarait pas déçue. « La population a parlé. J’ai offert mes services, les électeurs ne les ont pas retenus, je peux donc retourner à ma retraite. Je souhaite bonne chance aux élus ».

Pour elle, la politique se termine ainsi. « J’ai donné sept ans à la communauté et je suis fière de ce que j’ai accompli. Mais pour moi, la politique, c’est fini ! Je vais désormais me tourner vers autre chose ».

Homme de consensus, M. St Pierre prendra donc les rênes d’une municipalité marquée par les débats autour de l’affichage bilingue et par une situation financière difficile. Avec 3036 voix contre 1559 pour sa première poursuivante, il dispose de la confiance des électeurs mais sait que la tâche s’annonce ardue.

« La priorité va être de travailler ensemble et d’établir un consensus. Pour cela, nous disposons d’un très bon conseil », a-t-il déclaré.

Les conseillers prêts à en découdre

Outre Jamie Laurin, réélu avec 2305 voix, trois nouveaux visages siègeront à partir du lundi 6 décembre prochain. Éric Bazinet a raflé la mise à Embrun et reçu un appui énorme avec 2634 votes au total, tout comme Pierre Leroux qui compte 2547 voix. Le troisième nouveau conseiller n’est pas un inconnu du canton puisqu’il s’agit de Craig Cullen, l’ancien surintendant des travaux publics à Russell de 1986 à 2008, qui a recueilli 2322 voix.

Pour les nouveaux conseillers, comme pour M. Laurin, la satisfaction faisait vite place à l’évocation des défis qui attendent la municipalité. « C’est maintenant que les choses commencent. Nous avons du pain sur la planche. Nous sommes là pour apporter du changement. Comme je l’ai dit pendant la campagne, la priorité, ce seront les finances. Nous allons devoir remettre de l’ordre », a expliqué M. Bazinet.

 Même son de cloche chez M. Laurin qui siègera pour un second mandat : « Nous allons devoir nous concentrer sur la communication, l’efficacité budgétaire et le développement résidentiel et surtout, commercial ».

Satisfait de rentrer pour la première fois au conseil, M. Leroux se désolait de voir Jim Cooper échouer si près du but, à seulement 80 voix. « Je suis déçu pour lui car il a travaillé fort. Mais nous avons une belle équipe. Désormais, il va falloir faire notre état financier, pour savoir où on en est et où on s’en va ».

Candidat défait pour le deuxième scrutin consécutif, avec le plus faible nombre de voix (1045), l’ancien conseiller Jean-Serge Brisson met déjà en garde la nouvelle équipe : « Ce conseil a une grosse responsabilité car il y a des choses à réparer, mais je suis confiant avec des gens comme M. Cullen. Pour ma part, je pense que les gens ont mélangé deux affaires distinctes ».

 Article publié dans l’édition du vendredi 29 octobre 2010 du journal hebdomadaire ontarion Vision.

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